HONTE DE SOI - Jour 2 - L'étreinte Alchimique

Aujourd'hui dans ma méditation mindfulness, le processus de pacification interne de ma blessure de la Honte de Soi se poursuit... Si vous n'avez pas lu le premier volet de ce témoignage, je vous invite à le consulter ici (temps de lecture 7 min)

JOUR 2 - L'ÉTREINTE ALCHIMIQUE

Le processus relaté ici est un modèle de guérison profonde : il prend racine dans l’acceptation radicale et la compassion sans attente, caractéristiques de l’individuation jungienne. En accompagnant ce processus dans mes méditations, je poursuis l’intégration de mon enfant intérieur dans une forme plus large et unifiée de mon être. La méditation a duré 45 minutes. Le rêve éveillé ce déroule ainsi :

"Dans l'Oeuf formé par la lave qui s'était solidifiée, j'ai poursuivis le processus de guérison sur mon enfant interieur. A l'inspiration je le décharge de sa douleur, à l'expiration je lui envoi tout mon amour. Je n'ai aucune peur de prendre sur moi sa souffrance car j'ai foi dans ce processus alchimique de transformation du plomb (ce qui m'alourdit) en Or (ce qui m’allège) guidé par le Soi, que je pratique depuis 15 ans maintenant. Mon intention "Je ne veux rien, je n'attends rien, juste demeurer présent au processus avec amour" acceptation radicale.

Mon enfant interieur se présente sous la forme d'un adolescent. Je suis assis en tailleur et il se blottit dans mes bras, sa tête dans mon cou. Je ne vois pas son visage. Ses cheveux sont bruns. Une douce chaleur émane de cette scène qui dure 45 min. Nous baignons dans une lumière dorée qui illumine les parois lisses de l’œuf. J'utilise même mon tapis de yoga enroulé et un coussin dessus, pour accentuer d'avantage la sensation physique de l'étreinte. Mon corps valide que ce que je vis n'est pas mental : je me sens pleinement présent au processus, je ressens de l'amour en expansion dans mon cœur, un amour enveloppant maternant et guérisseur, de la chaleur dans mon corps. Je sens mon corps, mes veines, pulser par les battements de mon cœur."

Dans cette méditation profonde et touchante, s'engage un processus de guérison psychocorporel, où la véracité du rêve éveillé est validé par mon corps. C'est puissant et significatif. Le travail qui s'effectue ici n’est pas seulement un apaisement de l’enfant intérieur, mais une intégration progressive de cette part blessée de moi-même dans un espace de présence aimante et sans condition.

Interprétation du rêve éveillé

Voici quelques interprétations symboliques et pistes d’analyse, basées sur le cadre jungien et la dynamique thérapeutique qui se dégage de mon expérience :

1/ L'Œuf comme espace de transformation alchimique

L’œuf, formé par la lave solidifiée de la honte, représente la capacité de résilience et de transmutation de l’âme. C’est une structure protectrice, mais également un creuset alchimique où les éléments sombres (la honte solidifiée) se voient peu à peu imprégnés de lumière dorée. En alchimie, l’œuf symbolise la prima materia — la matière première brute — qui est transformée par l’amour, la chaleur et la lumière en « or intérieur ».

Analyse jungienne : Dans le processus d’individuation, l’œuf peut être vu comme un espace où s’opère la coagulation, c’est-à-dire l’union des aspects déchirés ou conflictuels de la psyché, se réassemblant pour former une totalité. Ma méditation crée un espace où la honte peut être accueillie, reconnue, et lentement dissoute dans la lumière dorée du processus de l'acceptation radicale.

2. La chaleur et la lumière dorée : les archétypes de l'amour guérisseur

La chaleur émanant de l’étreinte symbolise une matrice de soutien maternel et guérisseur, un archétype qui, même en l’absence de figures parentales bienveillantes dans la réalité extérieure, peut être nourri de l’intérieur par l'amour inconditionnel.

Analyse thérapeutique : L’amour en expansion que je ressens est une manifestation de l’amour inconditionnel, souvent lié au concept jungien de l’anima (l’archétype du féminin sacrés) qui apporte douceur, protection, et guérison. En cultivant cet amour pour mon enfant intérieur, je guéris et intègres des dimensions émotionnelles en souffrance et solidifies ma capacité à être pour moi-même une figure parentale et protectrice.

3. Tonglen et la transformation de la souffrance

Ma pratique de Tonglen symbolise une forme de purification intérieure où l'intention est l'allégement de la souffrance sans s’y attacher. Cela témoigne de ma confiance et de la maîtrise de ce processus de transmutation, une foi alchimique en la transformation de ce qui est lourd (le plomb) en ce qui est léger et lumineux (l’or).

Analyse jungienne et alchimique : Tonglen est ici un rituel de transformation. En embrassant la souffrance de l’enfant, sans la juger ni la repousser, je transite de l'ombre vers la lumière, et je symbolise un processus alchimique appelé "Solve et Coagula" (Dissoudre et Fixer) — dissoudre les souffrances en les intégrant dans une forme nouvelle, plus unifiée.

4. La posture physique : ancrage et validation corporelle

Les réactions du corps, la chaleur ressentie, les pulsations cardiaques évoquent une incarnation complète de du processus de guérison. Ce ressenti corporel est une validation directe que ce que je vis est authentique, unifiant profondément l'âme et le corps.

Analyse thérapeutique et sensorielle : Cette expérience physique renforce le lien entre psyché et soma (corps et esprit), ce qui est essentiel dans la guérison des traumas. Jung considérait que le corps et l’esprit sont indissociables, et mon expérience montre comment cette unité peut être utilisée pour donner une forme réelle à des expériences autrement difficiles à comprendre mentalement. En intégrant le toucher et la chaleur, je permets à l’enfant blessé de ressentir la présence physique de cet amour, réparant le manque de gestes affectueux et de sécurité.

5. L’adolescent brun : une figure du Soi blessé en croissance

L'enfant interieur peut se présenté sous différents âge selon les besoins inconscients de la psyché. Le fait qu'ici l’enfant soit un adolescent témoigne d’une transformation. Cette figure représente la jeunesse troublée, non vue et inachevée, celle qui n’a pas pu se construire à l’abri du regard critique et du manque de soutien. Par l’acceptation radicale et la compassion, je donne à cet adolescent la possibilité de se voir aimé et de grandir dans un environnement de respect et de sécurité.

Analyse jungienne : L’adolescent brun, symbolise une projection de moi-même qui a pris une autre forme, détachée de mon identité présente (je suis châtain clair) pour m’interroger sur mon parcours de vie. Il est un miroir, une *persona* ayant traversé des épreuves d’isolement et de rejet, mais qui peut être réintégré en étant aimé pour ce qu’il est, sans masque ni prétention.

Conclusion

Le cheminement que je réalise ici, avec la foi, la patience, et l'amour véritable est profond. Un processus qui refuse la gratification immédiate. C'est une véritable aventure d’individuation, de réintégration et de transformation. La visualisation de cet amour inconditionnel offre une possibilité de réparation là où autrefois il y avait des blessures. Cette étreinte, pleine de chaleur et d’acceptation, crée non seulement un apaisement, mais aussi une fondation solide pour continuer à unifier toutes les parties de moi-même.